C’est le 12 janvier 2021 qu’on a appris sa mort. Ce milliardaire américain atteint d’un cancer avait longtemps soutenu Donald Trump et Benyamin Nétanyahou. Mais qui est ce grand manitou des casinos terrestres dont la devise était “Le prochain pas doit être plus osé que le précédent”?
Une prodigieuse ascension dans le monde des casinos pour ce self-made man
D’origines modestes, il a fait ses premiers pas dans le quartier Dorchester de Boston. Dans les années 30, son père était chauffeur de taxi et sa mère, couturière. Ses parents, tous les deux immigrés, ont travaillé dur pour lui. Déjà, à l’époque, il a pu développer une vision particulière du self-made man et une envie de soutenir coûte que coûte le peuple Juif dont il est issu.
Sa carrière a débuté à l’âge de 12 ans avec des petits boulots qui l’ont aguerri pour entrer dans des affaires plus juteuses. Il est passé de vendeur de journaux à conseiller en investissement. Animé d’une fièvre entrepreneuse, tout lui a réussi très vite. Et à 30 ans, il était déjà millionnaire!
Partageant la même folie des grandeurs, rien d’étonnant alors à ce qu’il se reconnaisse en Donald Trump. Sheldon Adelson fera lui aussi construire un lieu emblématique qui lui vaudra le succès à Las Vegas, tout comme l’ancien président des États-Unis a érigé la Trump Tower de 58 étages à New York. En effet, l’homme d’affaires de 13 ans son aîné n’est pas en reste avec The Venetian, hôtel-casino construit en 1991 dans la ville des jeux de hasard et d’argent. Depuis 1989, Sheldon Adelson a ainsi marqué son hégémonie dans l’industrie du divertissement.
Une vie pleine de rebondissements sur fond de crises financières
Très jeune, il a connu la pauvreté dormant sur un matelas à même le sol pendant la Grande Dépression qui a fait suite au krach boursier de 1929. Il s’est bien rattrapé ensuite avec les multiples hôtels à sa disposition allant du Sands Hotel & Casino racheté pour 128 millions de dollars à la résidence officielle de l’ambassadeur américain qu’il s’est appropriée en septembre 2020 à Tel-Aviv pour occuper durablement le terrain en Israël.
Autour de la cinquantaine, Sheldon Adelson a eu de plus en plus de flair. Créée en 1979 à Los Angeles, COMDEX (Computer Dealer’s Exhibition) est une société qui a fait sa fierté: il s’agissait du premier salon de l’informatique revendu à prix d’or six ans après pour 860 millions de dollars.
Cependant, il a failli laissé définitivement des plumes lors de la crise des subprimes en 2008 en perdant jusqu’à 93% de sa fortune. Lui qui amassait beaucoup d’argent depuis les années 1960 grâce à sa cinquantaine d’entreprises, notamment dans les voyages charter, voit son compte en banque diminuer avec seulement 3,5 milliards de dollars restants. Suite à cette crise immobilière, son pactole a fondu comme neige au soleil, mais cet homme d’expérience avait bien d’autres cordes à son arc qui lui ont permis d’asseoir son pouvoir et de rester multi-milliardaire, à savoir les maisons de jeux et de divertissement, mais aussi et surtout la politique.
Un casinotier à la tête d’un empire
Son formidable appétit en affaires l’a sauvé du gouffre financier puisqu’à sa mort, ce magnat des casinos possédait à lui tout seul une grande partie des casinos de portée mondiale. Grâce à la création de Las Vegas Sands en 1988 employant plus de 50.000 employés, il a piloté le monde du Jeu avec brio. Pourtant fervent défenseur des casinos terrestres, Sheldon Adelson a pu paradoxalement s’opposer aux
casinos en ligne en 2013 avec des sites anti-gambling.
Dans la liste de ses bons investissements, on retrouve l’hôtel-casino de
Macao construit en mai 2004 et rentabilisé en une année, du jamais vu! En 2006, il a mis sur pied le plus beau méga hôtel-casino au monde: à grand renfort de 5,5 milliards de dollars, le Marina Sands Bay de Singapour apparaît comme une prouesse architecturale depuis 2010, avec ses 2.500 chambres et son environnement commercial de luxe regroupant restaurants et boutiques à foison! Un an après, il réitère l’expérience avec le Palazzo à Las Vegas pour enrichir les prestations du Venetian, avec des offres de piscines et de spas, des dizaines de restaurants ainsi que 300 chambres supplémentaires: tout pour satisfaire les grands joueurs de blackjack ou de poker! Avec ces casinos flambant neufs portant son capital à 14 milliards de dollars à sa mort, on est bien loin de l’époque de la Grande Dépression!
L’entrepreneur de renommée mondiale et la Fondation Adelson
Avec des millions de dollars régulièrement donnés à Taglit-Birthright Israel, la générosité de Sheldon Adelson n’est plus à démontrer envers le peuple juif mais aussi pour l’État d’Israël avec la création, entre autres, en 2007 d’un journal quotidien
gratuit “Israel Hayom”. De confession juive et créateur de la Fondation Adelson, il a soutenu des causes qui lui tenaient à coeur et qui lui ressemblaient, comme le financement à hauteur de 5 millions de dollars d’une nouvelle faculté de médecine dans la municipalité d'Ariel en Israël en 2017. Depuis le décès de son fils d’une overdose, Adelson s’était aussi engagé dans la lutte contre les drogues aux côtés de son épouse Miriam Ochshorn, femme médecin d’origine israëlienne et américaine. Pour les remercier, le Premier ministre Benyamin Nétanyhaou leur avait adressé ces mots: “Vous n’êtes pas seulement de grands amis, vous êtes de grands patriotes du peuple juif et de l’État juif”.
Pour ce qui est de ses convictions politiques aux Etats-Unis, il a été un temps conseiller auprès de Donald Trump et son principal donateur pour financer sa campagne électorale en 2016. Néanmoins, les 220 millions de dollars qu’il a injectés dans la campagne de Trump en 2020 n’ont pas suffi à peser dans la balance contre Joe Biden.
Décédé à 87 ans à Malibu, il laisse à son épouse et ses six enfants une fortune colossale de 35 milliards de dollars, la 28ème fortune mondiale en 2020. Son corps sera inhumé en Israël.
