Rédactrice
Le marché du jeu en ligne en Ontario représente un énorme potentiel pour la province canadienne. L'ouverture du marché apporterait en effet des avantages considérables aux opérateurs et aux consommateurs, mais elle alimenterait également le gouvernement local avec de nouvelles recettes fiscales. Mais derrière ces avantages se cache une réalité moins reluisante. Un nouveau rapport commandé par le plus grand exploitant de casinos en Ontario, Great Canadian Gaming, avertit en effet que le gouvernement pourrait perdre des millions de revenus sur les jeux en ligne.
En préparation du lancement du marché du jeu en ligne, l'Ontario a créé l’iGaming Ontario, un organisme qui devrait permettre de gérer et mener les opérations de jeu virtuel offertes par les opérateurs titulaires d'une licence.
Plus tôt cette semaine, CBC a publié les détails d'un nouveau rapport intitulé Ontario Gaming Market Assessment publié par HLT Advisory Inc. Le livre blanc prévient ses lecteurs que la province pourrait perdre plus de 2 milliards de dollars canadiens au cours des 5 prochaines années. Actuellement, les opérations des casinos terrestres de l'Ontario sont imposées à 55 % des revenus nets générés par les jeux d’argent. Mais le taux d'imposition des activités de jeu en ligne n’a pas encore été déterminé.
Néanmoins, le rapport estime que si le jeu en ligne est taxé à 20 %, cela pourrait entraîner des pertes de plusieurs milliards de dollars pour le gouvernement du premier ministre Doug Ford. Si un taux d'imposition de 20 % est instauré dans les semaines à venir, le rapport estime que la province pourrait perdre environ 550 millions de dollars canadiens (385 millions d’euros) par an. Sur une échelle de cinq ans, cela représente des pertes de quelque 2,8 milliards de dollars canadiens (1,9 milliard d’euros).
« Si un modèle de jeu électronique à licence ouverte est mis en place en Ontario, le casino en ligne s'emparerait d'une part importante du marché global des jeux d’argent »,
Le livre blanc suggère que les pertes seront engendrées par le passage des clients des casinos terrestres aux casinos en ligne. En d'autres termes, si le marché du jeu en ligne permettra à la province de générer de nouveaux revenus, le rapport estiment que si les joueurs, dans leur majorité, préfèrent miser en ligne que dans les établissements physiques, cela pourrait entrainer d’énorme perte pour le gouvernement, étant donné que le taux d’imposition est de plus de deux fois inférieur.
Des pertes qui viendraient fragiliser un secteur déjà mis à mal par la pandémie (au profit des casinos virtuels). En effet, les casinos de l'Ontario ont été durement touchés par les confinements successifs depuis le début de la pandémie de COVID-19. Ils ont dû fermer complètement leurs portes pendant des mois, et lorsqu'ils ont été autorisés à rouvrir, ils ont dû faire face à des restrictions sanitaires importantes, notamment une réduction de leur capacité d'accueil.
Actuellement, soit près de deux ans plus tard, tous les casinos de l’Ontario sont fermés en vertu des dernières restrictions de la province, introduites le 3 janvier à la suite de la variante Omicron de COVID-19.
Les chiffres de l'industrie estiment que les Ontariens dépensent environ 500 millions de dollars par an pour les jeux de hasard sur Internet (machines à sous, poker, roulette, etc.), presque entièrement pour des entreprises qui opèrent à l'extérieur de la province. Le gouvernement provincial avance le chiffre d’1 milliard de dollars. En effet, il est parfaitement possible pour les joueurs ontariens de s’inscrire et de jouer en ligne auprès d’opérateurs étrangers ou se trouvant dans d’autres juridictions.
Le nouveau marché des jeux en ligne est en cours de développement pour exister parallèlement aux activités des établissements physiques sur le marché réglementé de l'Ontario, et ne pas nuire à la génération de revenus de la Loterie et des jeux de l'Ontario. La question de savoir dans quelles proportions le jeu en ligne va ronger les revenus des casinos en Ontario est une question qui fait encore débat, déclare Paul Burns, président de l'Association canadienne du jeu, qui représente des acteurs physiques et virtuels.
Le rapport du consultant prédit que les changements entraîneront une réduction de 25 % de la main-d'œuvre des casinos terrestres, entraînant la perte de quelque 2 500 emplois. "Je suis profondément préoccupé par l'impact que cela va avoir sur les emplois", a déclaré Jerry Dias, président national d'Unifor, le syndicat qui représente la majorité des plus de dix mille personnes qui travaillent dans des casinos en Ontario. "D'un point de vue de l'emploi ou d'un point de vue de stratégie économique, c'est un jeu de dupes", a déclaré Dias dans une interview. "Ça n'a aucun sens pour moi."
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